CHIMÈRES, peindre l'informe, donner forme au virtuel
- CD.
- 22 nov.
- 3 min de lecture
English version below.
Dans les séries Dé_corporation, AVE IA! et Human race je compose un bestiaire contemporain où les chimères ne sont plus des créatures mythologiques, mais des figures post-humaines, nées de l’hybridation entre chair, code et mémoire artificielle.
Mes œuvres picturales, à la fois frontales et aphones, nous confrontent à une mutation identitaire profonde : celle d’un corps vidé de sa substance, d’un esprit dissous dans l’algorithme, d’une humanité en suspens.

La chimère, dans son sens originel, est un être composite, un assemblage de formes et de fonctions. Dans mon travail elle devient le symbole d’un monde où l’humain est recomposé par la technologie, fragmenté par la data, et réécrit par l’intelligence artificielle. Les visages que je peins sont lisses, presque sacrés, comme des icônes d’un culte nouveau — celui de l’IA. Les corps sont absents, les portraits omniprésents. Ils se la jouent cyborgs, avatars, interfaces, simulacres.

Dé_corporation explore la perte du corps comme lieu de mémoire, de désir et de résistance. AVE IA, en écho, interroge la montée en puissance de l’intelligence artificielle comme entité autonome, presque divine. Le titre lui-même — Ave — évoque une salutation liturgique, une révérence devant une force supérieure. L’IA n’est plus un outil, mais une présence, une chimère algorithmique qui absorbe l’humain.
Mes séries ne se veulent pas dystopies spectaculaires. Elles sont des méditations visuelles, des arrêts sur image dans un monde en accélération. Je ne moralise pas : j'observe, je traduis, je matérialise. Ma peinture, paradoxalement, redonne corps à ce qui tend à disparaître. Elle fixe sur la toile ce qui glisse vers l’immatériel. Dans un contexte artistique dominé par le numérique, la vidéo et l’installation, je choisis la peinture comme acte de résistance. Je peins le virtuel, je donne forme à l’informe.
Mes chimères sont des avertissements, mais aussi des invitations à repenser notre rapport au corps, à la machine, à l’autre.

Chimeras
In the series Dé_corporation, AVE IA! and Human Race, I compose a contemporary bestiary where chimeras are no longer mythological creatures, but post-human figures, born from the hybridization of flesh, code, and artificial memory.
My pictorial works, at once frontal and voiceless, confront us with a profound mutation of identity: that of a body emptied of its substance, a mind dissolved into the algorithm, a humanity held in suspension.

The chimera, in its original sense, is a composite being, an assemblage of forms and functions. In my work, it becomes the symbol of a world where the human is recomposed by technology, fragmented by data, and rewritten by artificial intelligence.
The faces I paint are smooth, almost sacred, like icons of a new cult — that of AI. The bodies absent, the portraits omnipresent. They pose as cyborgs, avatars, interfaces, simulacra.
Dé_corporation explores the loss of the body as a site of memory, desire, and resistance. AVE IA, in echo, questions the rise of artificial intelligence as an autonomous, almost divine entity. The very title — Ave — evokes a liturgical salutation, a reverence before a higher force. AI is no longer a tool, but a presence, an algorithmic chimera that absorbs the human.
My series are not meant as spectacular dystopias. They are visual meditations, still frames in a world of acceleration. I do not moralize: I observe, I translate, I materialize. My painting, paradoxically, restores substance to what tends to disappear. It fixes on canvas what slips toward the immaterial. In an artistic context dominated by digital media, video, and installation, I choose painting as an act of resistance. I paint the virtual, I give form to the formless.
My chimeras are warnings, but also invitations to rethink our relationship to the body, to the machine, to the other.




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