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DÉMARCHE ARTISTIQUE

Introduction

Ma démarche artistique chemine dans les méandres de l’anthropocène. C'est en 2020 que j'en pris conscience.
Depuis le milieu des années 2000, j'ai représenté, malgré moi, au gré de séries de tableaux à la fois douces et menaçantes, différents aspects de cette période géologique qui traverse notre époque. 

L’anthropocène se caractérise par l’avènement des Hommes comme principale force de changement sur Terre, surpassant les forces géophysiques naturelles. C’est l’ère du modelage, de l’artificialisation et de la pollution du monde par l’humain.

Sur la question des thèmes abordés dans mon oeuvre depuis 2005, j'ai traité en peinture différentes facettes de l’anthropocène allant de la globalisation au transhumanisme en passant par les sciences technologiques et numériques, sans oublier l’urbanisation, le choc des cultures et la grande consommation.
Mais En 2021 je change de cap, à contre-courant du phénomène anthropocène pour inverser l’horizon et ouvrir ma palette au ré-ensauvagement, vers une communion renouvelée avec la nature.

D’un point de vue pictural, mes peintures sont colorées, le contraste y est prégnant dans les couleurs mais aussi les formes et les lignes, mon trait est précis et structuré. Les couleurs sont vives et éclatantes.

Dans mon univers empreint de vitalité et de virtualité, les portraits occupent une place importante, en particulier ceux des femmes ; des figures tantôt historiques, tantôt imaginaires, des cyborgs même, colonisent ainsi mes toiles de lin. 
Les formats sont grands, les plans souvent serrés. 
Le pixel, les lignes et les points colorés sont les marqueurs picturaux principaux de cette idée générale d’artifice que je donne à voir dans mes tableaux. 

Si l'on pose un regard conceptuel sur mon travail, je dirais que mon œuvre s’inscrit dans une forme de Figuration virtuelle qui propose de multiples représentations de la réalité telle qu’elle pourrait advenir (non pas telle qu’elle eut pu être ou telle qu’elle semble être aujourd’hui). Quelque part entre la réalité et la science-fiction, dans la narration de scénarios technologiquement possibles. 

 

Mes deux dernières séries se succèdent chronologiquement et sont le reflet de l'évolution logique de mon travail ; la série HUMAN RACE montre une évolution de l'humain vers le transhumanisme, (l'artificialisation de l'Homme, de son corps et de son esprit) et la série HUMAN NATURE propose au contraire un retour à la nature, une nouvelle communion avec le vivant. Deux possibilités d'engagements extrêmes et opposés.

1- Globalisation, urbanisation, choc des cultures 

 

La série « Passé au futur, le spectre des traditions dans la mondialisation »

De 1997 à 2004, j’ai exercé le métier de chef de marques, dans le marketing pour l’industrie de la lunette. J’ai beaucoup voyagé grâce à mon activité professionnelle et j’ai pris conscience des enjeux géopolitiques, sociaux et interculturels qui se jouaient au sein de cette ère de la globalisation galopante. Puis je suis partie vivre à l’étranger en 2004, et c’est là que je me suis vraiment immergée dans l’interculturel, en tant que française vivant en Hongrie. 
Cette période a donné naissance à ma série intitulée « Passé au futur, le spectre des traditions dans la mondialisation ». Les 6 tableaux et l’unique sculpture de cette série, mettent en scène des personnages réels ou imaginaires dans des lieux improbables où leur rapport au temps aurait disparu, interrogeant nos relations aux cultures et à leurs traditions dans un monde devenu global. Ce travail fût exposé à l’Institut français de Budapest en 2011 lors d’une exposition collective du groupe Quatu’art dont je faisais partie.


2- Grande consommation, sciences technologiques et numériques,

pixel et Big data


Les séries « Les portraits d’Andy », « Avatar, le transfert », « Data driven »

L’ère numérique a commencé à me fasciner à partir des années 2007/2008, quand j’ai pris conscience de la manière dont les nouvelles technologies s’apprêtaient à transformer notre monde. C’est là que j’ai cherché une signature picturale qui pourrait représenter en image cet univers du numérique. J’ai alors marqué mes tableaux d’un nouveau type d’empreinte digitale : le pixel.

Il est vite devenu évident pour moi que ces carrés de couleurs, dont les images sont constituées, pourraient représenter une suite logique aux courants artistiques pointilliste et impressionniste en peinture.

C’est ainsi que j’ai expérimenté ce travail sur des portraits de Nicole Kidman d’abord puis en reprenant les figures emblématiques d’Andy Warhol comme Marilyn, Lisa Mineli, Jacky Kennedy...

J’avais le sentiment qu’il y avait quelque chose de Néo-Pop dans le pixel, il permettait une nouvelle explosion graphique et marquait une avancée vers la grande consommation d’images. 


Ce qui m’intéressait par-dessus tout à cette époque dans la création artistique était la recherche de l’innovation, la création, les concepts, les idées, les messages... m’emparer des codes de l’informatique pour les transposer sur la toile me semblait être une idée intéressante et innovante en peinture traditionnelle. 


En 2010, j’ai mêlé le pixel à des peintures plus figuratives, comme dans ma série « Avatar, le transfert » où les portraits sont à demi pixelisés seulement. Je commence à vouloir montrer que le numérique empiète sur l’humain, qu’il devient plus envahissant, comme intrinsèque, et qu’il n’est plus une simple représentation de la réalité ; il y a là et maintenant une sorte de mariage, d’union entre l’artifice et la nature, la machine et l’homme. 
C’est pour moi une première prise de conscience d’une arrivée prochaine d’un autre chapitre de notre histoire, celui du transhumanisme, sur lequel je reviens en 2019. 


Longtemps j’ai cru que je devrais garder cette empreinte du pixel pour être facilement reconnaissable, identifiable comme une artiste qui a sa patte. Mais j’ai compris assez vite que ce pixel risquait de devenir comme un fil à la patte, aujourd’hui trop figé, immobile, bien trop loin de cette idée de rythme et de rapidité numérique qui « m’énergise » autant qu’elle me tétanise. 


Puis vient la période BIG DATA. La série « Data driven » traitera de la question d'une société pilotée par les données. Je me suis intéressée de près, durant les années 2017-2018 à l'univers des start-up du numérique et du traitement des données, le domaine des "Data sciences". 
Ce nouveau monde, dans lequel nous sommes immergés, m’a inspiré un travail empreint de ce phénomène aliénant et tentaculaire, dans lequel je joue avec les codes de l'esthétique de l'infographie contemporaine (au sens de l'information graphique).
Ma signature picturale pour cette série de tableaux se nourrit aussi des grands maîtres de l'Art Déco et des spécificités de l'Art Nouveau, que j'ai découverts lors de mes années de vie à Budapest et de mes visites à Vienne. Je m’approprie les couleurs de Klimt, tout en utilisant des décors beaucoup plus géométriques issus des codes de l’infographie contemporaine. Je joue à mêler l’aspect décoratif (dans la forme) à la profondeur dramatique que revêt l’idée de data science (dans le fond).
Dans le tableau Attraction, une femme allongée se met à nu face à l’immensité du numérique. Elle donne, en toute impudeur son corps et son âme à ce nouveau monde. Elle semble profiter pour l’instant de ces radiations positives et agréables que lui insufflent ces ondes artificielles. Mais qu’adviendra-t-il ?

3- Restriction des zones de vies sauvages


La série « Nature morte »

Il est question ici des espèces animales confrontées à la modification, par l’homme, de leur environnement naturel. Les tableaux mettent en scène des animaux sauvages dans des espaces devenus artificiels et hostiles et posent ainsi la question de leur survie. 
Le contraste des couleurs créé une tension à laquelle s’ajoute la pression des lignes verticales qui morcellent le paysage, privent l’animal de sa liberté et annoncent l’arrivée imminente de la disparition de leur espèce.


4- La conquête transhumaniste


La série « Human race » et ses portraits de l’an 2100

Après avoir façonné et artificialisé la Terre, l’humain s’aventure désormais dans l’artificialisation de son propre corps (voire de son esprit), poussé par le mouvement culturel, intellectuel et social du transhumanisme.
L’objectif ? Augmenter ses capacités physiques et mentales, s’ajouter des attributs techniques, mécaniques et bioniques, capables de transcender ses aptitudes naturelles pour survivre, sur une planète devenue hostile, et peut-être même atteindre la vie éternelle.


C’est en fin d’année 2019 que j’ai commencé à réfléchir à ce thème comme prochain sujet de mon travail. Le premier tableau sur le thème du transhumanisme allait s’intituler Cassandre, il y avait une sorte d’urgence à le produire même si je m’éloignais de ma série en cours, il fallait que je le fasse à ce moment-là, en décembre 2019. Pourquoi une telle urgence ? Pourquoi Cassandre ? J’avais lu l’excellent roman Transparence de Marc Dugain dont l’héroïne s’appelle Cassandre. Cassandre qui, dans la mythologie grecque avait pour pouvoirs des dons de prédiction. Mais comme elle se refusa à Apollon, pour se venger, elle fut maudite et personne ne crut plus jamais ses dires.
Il se trouve qu’en mars 2020, à la lumière du premier confinement, le tableau Cassandre prit tout son sens alors que le journal télévisé diffusait une photographie du Trocadero déserté, la tour Eiffel en arrière-plan, comme une représentation... de mon tableau !
Aurais-je prédit ce qui se passerait 3 mois plus tard avec l’arrivée de la pandémie ?
J’avais peint Cassandre seule sur cette place, comme venue de nulle part, postée là dans un monde désert. C’était le monde à l’envers. Était-ce la réalité qui représentait la fiction ou la fiction qui s’emparait de la réalité ?
Le décor, l’architecture, l’absence de nature nous interpellent. Nous connaissons tous cet endroit, ce monument, la tour Eiffel. Mais ces personnages sont décalés. C’est comme si nous étions dans le futur sans y être ou comme si nous étions dans le présent, en compagnie de personnages venus du futur. Le trouble s’installe, sont-elles robots ? Aliènes peut-être ? Aliénées elles semblent l’être comme inséparables, connectées, bioniques même. 


Dans la série Human race, j’utilise les lignes de couleurs vives sur les corps et les visages pour figurer l’électricité qui nous parcourt, que nous produisons naturellement et artificiellement. Cette énergie est devenue indispensable, source de production, de vie et de communication, source de développement et d’augmentation. Cette électricité qui pousse l’être humain à souiller la Terre et à l’artificialiser toujours plus.


Et puis viennent les portraits, des cadrages recentrés sur les visages en gros plans, sans doute mon terrain de jeu favori. Ces portraits de l’An 2100 font écho aux portraits de ma série Avatar, présentée pour la première fois en 2010 à Budapest. Des plans serrés, des visages trafiqués, artificialisés mais cette fois-ci sans pixel. Fini les pixels qui marquèrent le début de ma période numérique !
Ici les visages sont doubles, encore. Ils sont alignés, décalés, vidés, transparents, mutants, hybrides, bioniques. Ces visages de femmes se métamorphosent au rythme des évolutions technologiques qui artificialisent aujourd’hui déjà les corps et les esprits. 

5- Vers un ré-ensauvagement
 

La série « Human Nature »

 

En 2021, le ré-ensauvagement fait son apparition dans ma vie comme une révélation. J'ai alors l’envie de poursuivre dans le même style d’expression artistique que ma série « Human race » (avec ses portraits de l’an 2100), mais cette fois de végétaliser les visages de mes nouveaux personnages. 
Ils communient d’une nouvelle manière avec la nature, s’y ressourcent. C’est le début d’une toute nouvelle période créative.

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